Stagiaire, j’ai vécu ici une véritable aventure humaine et professionnelle, une expérience des plus enrichissante.
Je me suis lancée dans cette aventure de 2 mois avec des tas d’interrogations en tête, des doutes, des peurs, et beaucoup d’impatience. J’étais impatiente de rencontrer ces personnes dont j’avais entendu parler sous le nom de « migrants », de comprendre vraiment leurs problématiques et de découvrir comment les professionnels du CADA et du CAO leur viennent en aide.
Je dois l’avouer, les seules connaissances que je possédais sur ces personnes étaient celles fournies par les journaux télévisés ou d’autres médias internet… Alors j’avais envie de découvrir ce milieu, encore un peu flou à mes yeux, mais qui me semblait rempli d’injustices.
Alors, les migrants c’est qui ? Le CADA c’est quoi ? Et le CAO alors ? Comment ça se passe ? Qui fait quoi ? Comment ?
Ces petites questions avec lesquelles j’ai commencé se sont enchaînées dans ma tête avec d’autres au fur et à mesure de ce qu’on m’apprenait. Parce que le social, qu’on se le dise, c’est complexe quand même.
Le CADA, Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile, accueille des personnes qui demandent l’asile en France. Le CAO, Centre d’Accueil et d’Orientation, est temporaire, accueille principalement les migrants venant de Paris.
Ces centres accompagnent les personnes dans leurs démarches administratives, de soins, et d’intégration en général.
Ce que j’ai vu ?
Des enfants, des jeunes, des adultes, des personnes âgées.
Des personnes venant d’Afghanistan, du Pakistan, du Soudan, de Somalie, du Tibet, d’Albanie, d’Erythrée, de Syrie et j’en oublie sûrement.
Des sourires, des larmes, de la colère, de la tristesse, de la joie, des regards absents, fuyants, des fous rires, des moqueries, de la complicité… Tout un tas d’émotions et de comportements différents.
J’ai vu des professionnels engagés qui font tout leur possible pour répondre aux besoins des personnes qu’ils accompagnent avec les moyens qui leur sont donnés.
J’ai vu des bénévoles qui partagent leur temps libre avec les migrants afin de les aider au quotidien.
J’ai vu des personnes incroyablement motivées pour apprendre le français et s’intégrer en France.
J’ai vu la joie sur le visage de certaines personnes quand elles ont reçu une réponse positive à leur demande et j’ai partagé cette joie, avec beaucoup d’émotions. Je me suis dit « enfin un peu de justice ».
Mais j’ai vu aussi des personnes dont la demande d’asile a été refusée, j’ai partagé leur déception, leur tristesse et leur colère. J’ai partagé leur frustration, ainsi que celle des professionnels, ce sentiment d’impuissance alors que ces gens ont besoin de nous.
J’ai vu un système compliqué : Le système français. Un parcours semé d’embûches que combattent avec courage les demandeurs d’asile, mais aussi toute l’équipe du CADA et du CAO.
D’ailleurs j’admire la motivation et la patience de certains migrants ou travailleurs sociaux quand je m’aperçois de la longueur des démarches administratives et de toutes les incertitudes liées à leur situation.
Ce dont je vais me souvenir ?
Les rencontres, les jeux, les échanges, les moments de partage, et les sourires, parce que oui, des sourires j’en ai vu beaucoup et je l’avoue, je ne m’y attendais pas.
Je me souviendrai de nos tentatives de communication parfois très amusantes, ou agaçantes, à cause de la barrière de la langue (des gestes, des dessins, des appli de traduction plus ou moins fiables…). Je pensais que communiquer sans parler la même langue serait très difficile. Alors oui, ce n’était bien sûr pas évident, mais en fait il suffisait parfois d’un seul mot ou d’un seul geste et on y arrivait, on se comprenait.
Je remercie le Diaconat et toute l’équipe de professionnels du CADA et du CAO pour m’avoir accueillie et montré leur travail, leur quotidien.
Je remercie aussi toutes les personnes accompagnées de m’avoir offert un accueil aussi chaleureux.
Mélanie – Stagiaire